Chatonne en déshérence depuis plusieurs semaines 

Un jeudi matin à Sada, sur la côte Ouest de Mayotte : Une personne sort de chez elle pour faire son test avant de rentrer définitivement en métropole. Elle découvre une chatonne dans un carton sur un trottoir. Elle se renseigne. Cela fait plusieurs semaines qu’elle est là. 

Témoignage de la personne qui nous a contactés :

J'ai trouvé Sadja alors que j'étais en route pour faire mon test antigénique afin de pouvoir rentrer définitivement en métropole deux jours plus tard. Ça tombait donc très mal. Elle était allongée dans un carton au soleil sur un trottoir de Sada. Elle avait une grosse croûte sur le nez et deux grosses tiques sur le dos.

Il y a énormément de chats et de chiens abîmés et errants à Mayotte, beaucoup sont terrifiés par les humains qui souvent les traitent de façon inhumaine ( j'ai par exemple le lendemain de mon arrivée à Mayotte , sorti un petit chat qui pleurait depuis 4 jours, coincé dans le moteur de la voiture du voisin, toutes les familles pouvaient l'entendre mais personne ne s'en souciait. Dans ces conditions, j'ai pris l'habitude de toujours avoir quand je sors deux boîtes de sardines et de nourrir les animaux que je croisais dans la rue. Ils ont, en général, très peur et ne viennent manger qu'une fois que je me suis éloignée. Pas Sadja qui s'est approchée de moi dès que je me suis penchée pour déposer la sardine. Elle se laissait caresser et porter sans rechigner. Elle était extrêmement sociable et câline. Son carton était à deux mètres d'une petite habitation- boutique et quand j'ai demandé à la famille qui vit là si c'était leur chatte, on m'a répondu qu'elle était là depuis plusieurs semaines et que je pouvais la prendre. Étant sur le départ, cela m'était impossible. J'ai donc envoyé un message à l'association ''Aide aux chats de Mayotte'', lui ai laissé à manger et à boire, lui ai enlevé ses tiques et suis rentrée chez moi le cœur serré. L'association m'a répondu que cela aller être compliqué, car les familles d’accueil rentraient également en métropole. L’association m’a demandé de prendre quelques photos. Je suis donc retourné voir Sadja pour prendre des photos, j'en ai profité pour lui acheter à manger et demander à la famille qui tient la boutique de la nourrir si on ne réussissait pas à lui trouver une maison. La femme a rigolé d'incompréhension et m'a dit que '' les chats c'est sauvage et c'est dangereux'' ...'' que c'est méchant : des fois ils se battent''. Je lui ai dit qu'elle n'était absolument pas sauvage mais au contraire très câline cependant, j'ai bien compris qu'ils ne s'en occuperaient pas. C'est ce moment que Sadja a choisi pour s'éloigner un peu et faire ses besoins , une jeune femme qui passait par là a dit :'' -c'est dégueulasse, le chat fait caca'' ... J'ai rétorqué en souriant un :''-ben vous aussi vous faites caca, enfin j'espère''. Certaines personnes ne se rendent pas compte que nous sommes aussi animaux des mammifères, que comme eux nous avons des besoins et des attentes...
Par ailleurs, un groupe de jeunes adolescents me voyant faire des allers-retours m'a demandé ce que je cherchais, je leur ai dit que je venais donner à manger au chat sur le trottoir. Les adolescents ont ri et un m'a dit que parfois ils la prennent ''pour jouer avec''. Je n'ai pas trop cherché à comprendre et je ne veux pas leur prêter de mauvaises intentions mais j'ai entendu des histoires assez glauques et je n'aime pas trop imaginer comment cinq adolescents mahorais s'amusent avec une petite chatte. Je suis encore une fois rentrée le cœur serré et j'ai continué à chercher une famille d'accueil parmi mes contacts. C'est d'autant plus difficile que la plupart des propriétaires à Mayotte ne veulent pas d'animaux dans leur logement et mi- juillet beaucoup de personnes susceptibles de pouvoir la sécuriser sont parties en vacances...
Heureusement tard dans la soirée, l’association m'a informée qu'elle avait trouvé quelqu'un sur Petite-Terre qui pourra la garder. Je suis donc retournée le lendemain matin pour sortir Sadja de son trottoir. L'histoire pourrait s'arrêter là mais il faut une péripétie. Lorsque je suis arrivée à l'endroit où elle était d'habitude, son carton était écrasé par un sac poubelle, et elle n'était pas là... J'ai donc passé une heure à la chercher dans tout Sada, les habitants ayant quand même de bons côtés et me voyant désespérée m'ont aidée.
Au bout d'une heure, je commençais à désespérer (d'autant plus que Steve, sa famille d'accueil, ne pouvait la récupérer qu'à un horaire précis à cause de son travail) quand un des habitants m'a téléphoné pour me dire qu'il l'avait trouvée. J'ai donc pu la ramener, la laver rapidement (elle avait vomi dans le sac, ce qu'elle a rendu était principalement un énorme morceau de plastique...et le sceau en photo est la couleur de l’eau après le lavage) et prendre le taxi puis la barge pour Petit-Terre où Steve l'a royalement accueillie.

En consultation.

La petite doit avoir entre 6 et 7 mois et elle est bien maigre (1k500). Première priorité, qu'elle mange !!!!!

La dame qui l’a récupérée a acheté des paquets de croquettes. Il faut qu’elle prenne un peu de force avant de commencer la vaccination. Elle sera identifiée la semaine prochaine lors de sa seconde visite de contrôle.

Il va falloir la stériliser rapidement.

Plus tard, nous commencerons les vaccins afin de la transférer en métropole en septembre. Car à Mayotte, nous avons peu d’espoir de trouver un adoptant.

Cette petite a vraiment besoin d’aide !  Voici ce qu’a enduré cette petite de 7 mois. Très sociable, elle est restée plusieurs semaines dans son carton au même endroit. Certainement un abandon.

Sa sauveuse l’a appelée Sadja qui signifie Lion ou Lionne en Coréen. Nous avons conservé ce nom.