Une histoire banale pour un chat vivant "normalement"

Timon vivait dans une propriété, aux côtés d'autres congénères, revenant quand la fatigue se faisait sentir auprès du gîte et de la gamelle. Un chat comme tant d'autres, et un jour Timon n'est pas revenu à la maison. Le lendemain non plus...

5 JOURS D'ABSENCE.... SA VIE A BASCULÉ.

Chronologie d'un sauvetage douloureux, mais plein d'espoir

• Le 1 mai 2013, Timon a disparu.
• Le 5 mai il réapparaît sur la propriété, se traînant, ensanglanté. L'association est contactée immédiatement, les personnes étant désemparées... il a manifestement été victime d'un piège.

Prisonnier son corps est semi-dévoré par des crocs (très certainement canins)

Timon découvert en grande souffrance, dans un état catastrophique 

L'épiderme de la patte piégée (arrière gauche) est arraché, sa patte avant est ''mâchée'' et les coussinets arrachés, des vers de mouche sont présents au niveau des plaies... il est déshydraté et sa température corporelle est de 35 °... On imagine à peine comment il a pu vivre cette horreur et ne pas en être mort.

Une urgence vétérinaire pour le sauver, des complications post-opératoires  

Urgence vétérinaire immédiate pour :

ÉRADICATION DES VERS, RÉHYDRATATION, MISE SOUS LAMPE ROUGE, COUVERTURE ANTIBIOTIQUE ET CORTICOÏDES... LES RADIOS FONT APPARAITRE QUE LES LIGAMENTS SONT DISTENDUS, MAIS RIEN DE CASSÉ. UNE CHIRURGIE DE LA PATTE EST EFFECTUÉE :  FERMETURE DE LA PLAIE PAR SUTURE DE LA PEAU.

Lendemain d'opération : un tableau très inquiétant 

Les jours de Timon à ce moment-là paraissaient comptés. 

- Oedème post-opératoire, température corporelle 32 ° ...

- Une ponction de l'œdème est faite avec analyse (PIF négative).
- Les complications s'enchaînent, l'antibiothérapie ne convient pas : les tissus se nécrosent de plus en plus, du pus apparaît tous les jours.

- Les chairs ''mâchées'' et tout l'épiderme doivent être coupés, laissant Timon à vif des pattes avant jusqu'à la queue.
- Les pansements sont refaits trois fois par jour avec désinfection, pommade cicatrisante et un traitement de fond analgésique pour limiter les souffrances.

• Le 15 mai, une nouvelle antibiothérapie semble s'avérer efficace.

Jusqu'à la reconstruction des tissus, Timon est victime d'occlusions dues aux galeries creusées par les vers de mouche qui étaient proches de l'anus : les sphincters n'arrivent pas à faire leur travail : il faut une aide manuelle à la défécation journalière.

Les  tissus nécrosés n'étant plus irrigués, il n'y a pas de bourgeonnement,donc pas de reconstruction des tissus. Il faut enlever encore et encore des tissus pour arriver à un début de bourgeonnement, à la mi-juillet 2013.

Une longue reconstruction des tissus

• 1 an après l'épiderme arrive à cicatriser jusqu'au niveau du ventre.

Encore 6 mois pour qu'une peau toute fine et fragile entoure le bas du dos et les deux pattes arrière

 Puis la queue très difficile à cicatriser : 1 mm gagné par mois et puis plus rien.... il reste environ 5 cm à vif et il n'y a aucun bourgeonnement.

La décision est prise : amputation de la queue

• Fin avril 2015, le verdict vétérinaire tombe :

l'amputation est obligatoire, les chairs sont ''écrasées'' sans espoir de reconstruction !

L'opération étant indispensable, nous avons pris la décision de la faire effectuer immédiatement, bien que n'ayant pas les moyens de la régler : Timon s'est battu à nos côtés, nous faisant une confiance aveugle et endurant des soins quotidiens avec force et volonté, cette ''dernière ligne droite'' lui permettra de retrouver une vie ''normale'' et paisible.

Actuellement en convalescence, il bénéficie d'une couverture antibiotique et d'application de pommade plusieurs fois par jour. Il profite chaque jour du soleil dans la véranda, se remet tranquillement de son intervention.

Nadine, famille d'accueil, y a cru et a veillé sur lui quotidiennement, Timon lui accorde toute sa confiance : 

"Mon nom est Timon et je gis à terre, entravé à cette maudite mâchoire de fer qui meurtrit mes chairs. Cela fait deux jours et les forces m’abandonnent... Que faire, m’endormir là, la tête dans la poussière, ou bondir comme autrefois ? Fuir cet enfer !

Je me redresse et tire en hurlant sur cet étau cruel... Mes cris ont alerté les chiens qui se ruent sur moi et me mâchent en vociférant.

STOP. Je veux que tout s’arrête là, MAINTENANT. Suffit les souffrances, c’est quoi ce monde-là ? Moi je voulais juste courir après les papillons ! D’un coup, plus rien, le vide, le silence... Je suis mort ? Tient un papillon ! Le soleil est brûlant, j’ai froid... Le jour s’endort doucement, le ciel est rouge... Mon sang aussi. Dans un ultime effort, tel un guerrier Massaï, je relève la tête et ce corps broyé puis m’ extirpe sans "un souffle"!

Je traîne ma patte, je traîne mon dernier souffle de vie vers ce lieu familier et chaleureux. Combien de temps cela a duré ? 1minute,1 heure, une éternité ? On me retrouvera au petit matin, assis dignement. C’est en partie gagnée, l’alerte est donnée... Elle viendra me chercher... Elle est là, me prend délicatement, m’installe, me réchauffe, me soigne, m’entoure, m’aime!

Je m’endors alors, rassuré, et quand je sens son regard bienveillant sur ma misère je lève mes yeux et de ma seule patte valide, lui tipouille le plus sincère des "merci"... Le message est passé, on va se battre, je ne suis plus seul, on est 2 maintenant, on est forts maintenant !

Timon aura pendant longtemps plus de la moitié de son corps à vif. On s’est battu avec cette "gnaque" qui défit les préjugés. Il a quitté petit à petit son costume de bandelettes pour faire peau neuve. Personne n’y croyait, nous on y a cru et c’est gagné. Merci Timon de ton courage.

NOTRE ACTION : SE BATTRE AU QUOTIDIEN À LEURS CÔTÉS. NOTRE RICHESSE : Y CROIRE MÊME SI CE N EST PAS GAGNÉ. NOTRE FORCE : AVOIR ESSAYÉ